Durant les quelques années où Long John Silver naviguait pour couvrir sa dulcinée d’apparats, je lui servais d’alibi pour poser certaines conditions lors de la répartition des butins honorablement pillés. Ainsi, l’équipage savait que tout trésors ou joyaux décorés d’une sirène me revenait. Puis, en catimini, lui et moi échangions nos dus. De fait, il constitua une collection d’objets et de bijoux ornés de cette mythique créature des mers, tous plus incroyables les uns les autres.
Lorsque nous mettions pied à terre, il me faisait passer pour sa sœur. Nous nous rendions à l’auberge pour qu’il offre ses présents à sa dulcinée. Je me faisais discrète, retrouvant parfois quelques amis d’enfance autour de la seule table ronde de l’établissement. Cette fois, Silver lui apporta un bracelet de dentelle argentée étincelant, en laiton, au cœur duquel se trouvait une pièce noire et mat en résine. Sur cette pièce, qui était un camée, on distinguait (tu t’es doute certainement) une sirène élancée et majestueuse.
J’esquissais un sourire en voyant l’enchantement qui submergea la jeune femme à la vue de ce nouveau cadeau. Ce bijou était bien à l’image du jeune homme qui le lui offrait : étincelant aujourd’hui et d’une noirceur sans égale sur mer…